Nasar Veura Carron, bien qu’héritier d’un titre prestigieux, n’a jamais vécu une enfance facile. Ses jeunes années furent marquées par une série de tensions familiales, politiques et internes. Né d’une lignée noble d’Uranus, il portait dès son plus jeune âge le poids de son héritage, mais aussi celui des attentes écrasantes de son père. Celui-ci, sévère et distant, exigeait que Nasar devienne un leader implacable et stratège. Dès son plus jeune âge, Nasar subit une éducation rigide, passant des heures à étudier la politique, les stratégies militaires et l’histoire de son peuple. Cependant, malgré ses succès scolaires, il se sentait souvent inadéquat, incapable de répondre aux attentes inhumaines de son père.
La famille de Nasar entretenait une relation complexe avec Mars, où il détenait également un titre. Les voyages fréquents entre les deux planètes creusaient davantage le fossé entre Nasar et ses racines. Sur Uranus, la société élitiste des Pures attendait de lui une perfection froide et calculatrice. Sur Mars, la force brute et le militarisme dominaient. Le jeune Nasar, petit de taille et d’apparence fragile, ressentait un profond malaise dans ces deux mondes, incapable de trouver un terrain où il se sentait à sa place.
C’est à Dione, lors de ses études à l’Institut des Administrateurs, qu’il fit la rencontre de Valarie Lemma. Elle étudiait aussi la politique et l’histoire, mais contrairement à Nasar, Valarie semblait trouver un équilibre entre ses ambitions et ses passions. Historienne dévouée à la recherche des secrets de l’Ancien Monde, elle devint rapidement une amie précieuse pour Nasar. Leurs discussions passionnées sur l’avenir du système solaire et les mythes antiques les rapprochèrent inévitablement. Cependant, ce qui fit de leur amitié un lien indéfectible, c’était leur capacité à se comprendre au-delà des mots. Valarie était l’une des rares personnes à percevoir les doutes et les faiblesses de Nasar sans les juger. Ce soutien émotionnel, rare dans l’entourage de Nasar, lui apportait un certain réconfort, même si la distance et les obligations les éloignèrent plus tard.
L’une des rares échappatoires de Nasar à la pression familiale fut l’observation des étoiles et l’étude d’anciennes civilisations. Il était fasciné par les histoires de Myrieva et des anciens systèmes, trouvant dans ces légendes une forme d’inspiration et de réconfort. À travers ces récits, il envisageait des alternatives aux luttes de pouvoir et aux intrigues politiques qui dominaient son quotidien.
Pourtant, en grandissant, Nasar ne parvint jamais à s’affranchir des attentes pesant sur ses épaules. Plus il s’approchait de l’âge adulte, plus le poids de ses responsabilités devenait écrasant, notamment lorsque sa famille commença à évoquer son futur rôle comme Grand Ordonnateur. Cette double prétention, sur Mars et Uranus, le tourmentait profondément. En se tournant vers Valarie pour obtenir conseils et soutien, il espérait parfois une réponse qui lui permettrait de fuir ses responsabilités, mais même elle n’avait pas les mots pour apaiser ce poids.
Au-delà des études et des obligations, l’enfance de Nasar fut marquée par l’absence d’attachement émotionnel profond avec ses parents et par la solitude. Ses rares moments de bonheur furent partagés avec Valarie ou en contemplant le ciel étoilé, rêvant d’un avenir dans lequel il serait libre de ses devoirs héréditaires.